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°Bibliographie

 

David Abram, Comment la terre s’est tue. Pour une écologie des sens

Les empêcheurs de tourner en rond/ La découverte, 2013.

Walter J. Ong, Oralité et écriture, Les Belles Lettres, 2014.

Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, Gallimard, 1945.

Rémy Zaugg, Constitution d’un tableau, Les Presses du Réel, 1989.

Tim Ingold, Marcher avec les dragons, Zones sensibles, 2013.

 

Si le langage n’est pas un phénomène purement mental mais une activité sensuelle, corporelle, née de la réciprocité et la participation charnelle, alors nos manières de parler ont certainement été influencées par bien d’autres gestes, sons et rythme que ceux de notre seule espèce. Et si le langage humain surgit de l’entrejeu perceptuel entre le corps et le monde, ce langage «appartient» au milieu animé autant qu’il "nous appartient."  p113

 

(...) En fin de compte, Merleau Ponty sape donc la distinction effectuée par Saussure entre la structure du langage et la parole active. Les deux dimensions sont recomposées en une seule matrice en perpétuelle évolution. La parole individuelle est certes guidée par la structure en réseau du langage, mais ce réseau n’est autre que la résultante sédimentée de tous les actes de paroles passés, et il sera lui-même modifié par l’activité expressive même qu’il guide. La langue n’est pas une forme idéale, mais un milieu qui évolue et que nous habitons collectivement, une vaste matrice topologique au sein de laquelle les corps parlant sont autant de sites d’engendrement, autant de tourbillons où la matrice elle-même ne cesse de se tisser à partir du silence de l’experience sensorielle. 

Merleau Ponty garde de Saussure la notion de langue comme système interdépendant, comme réseau de relations. Mais, puisque, pour Merleau Ponty, nos corps expressifs, parlant, font nécessairement partie de ce système- puisque, pour lui, le réseau de la langue est un médium charnel tissé dans les prfondeurs de notre participation perceptuelle avec les choses et les êtres autour de nous-, il en vient à affirmer dans ses derniers écrits que c’est d’abord le monde sensuel, perceptuel qui est relationnel, et que donc la structure organique interconnectée propre à une langue est une extension, ou un écho, de la matrice profondément interconnectée de la réalité sensorielle. Au fond, ce n’est pas le langage humain qui est premier, mais bien le monde de la vie dont la sauvage logique participative  se ramifie et s’élabore dans tout langage.

p115-116

 

(...) Il devient donc possible de penser la complexité du langage humain comme liée à la complexité de l’écologie terrestre - et non à une complexité qui singulariserait notre espèce indépendammment de cette matrice. «Le langage, écrit Merleau-Ponty, est la voix même des choses, des ondes et des bois» 

Lorsque la civilisation amoindrit la diversité vivante de la terre, le langage lui même est amoindri. 

p.117

 

 

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